De l’art d’éplucher une pomme de terre

Au détour d’un couloir, on se surprend à écouter une collègue qui va mal et semble souffrir de ses journées trop remplies. Surpris par cette soudaine confidence, on essaye de l’apaiser et de lui dispenser un joli conseil imagé avec lequel elle repartira sereine et confiante.

On évoque ainsi les différentes façons d’éplucher une pomme de terre.

Le plus rapidement possible ? Au risque de s’énerver sur l’épluche-légumes injustement accusé d’inefficacité….
En faisant réciter sa leçon à l’aîné ? Au risque de mettre quelques épluchures sur le cahier soigneusement présenté…
En causant à son chef au téléphone ? Téléphone qui peut finir dans l’évier… (soit dit en passant une bonne façon de se débarrasser tout à la fois du chef et du portable).

Non, non ! Décidément, il n’y a qu’une seule manière de faire ! Laisser sa pensée divaguer et s’interroger sur la seule chose importante : mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire avec cette grosse pomme de terre ?

Alors la collègue à laquelle on a parlé en ces termes fait un large sourire et s’empresse de vous quitter. Désolée, il se fait tard. Les magasins vont fermer. Et il lui faut acheter, pour le dîner du soir, un paquet de frites congelées.