Il aurait pu être question de lucioles, ces êtres luminescents, erratiques, insaisissables et résistants, chers à Pasolini… Mais c’eût été à la fois trop simple et prétentieux.
Les scolies sont des sortes de grandes guêpes. En termes savants, ce sont des hyménoptères, les plus grands de France. On peut lire qu’elles sont utiles à la pollinisation et pacifiques : dotées d’un dard, elles ne l’utilisent qu’en dernier recours pour leur propre défense.
Peut-être sommes-nous arrivés à une époque où diffuser une lumière intermittente ne suffit plus ou il faut, certes en dernier recours, savoir piquer, qui sait ?
Il aurait pu être question de miscellanées ou de fragments. Mais les miscellanées sont à jamais celles de Mircéa Eliade et les fragments ceux de Barthes. C’eût donc été présomptueux. Et puis ces deux mots ont l’inconvénient de ne pas être aussi des insectes.
Les scolies sont des remarques grammaticales, historiques ou critiques. Parfait ! Il s’agit bien de faire des remarques en passant, de confier des considérations diverses, de se laisser aller à des divagations sur le monde.
Il aurait pu être question de récits, de tentatives poétiques. Mais les scolies s’étaient déjà imposées.
Or, cela tombe bien, les scolies ou scholies sont de courts poèmes lyriques destinés à être chantés à la fin du banquet.
Du grec ancien « tordu » (le chant est sous-entendu), elles rencontrent une intention, celle donner à lire de brefs récits de vie et de courtes fictions qui resteront bancals mais qui, mis bout à bout, parviendront peut-être à faire voir le monde un peu de travers. Ce serait déjà ça.
Des divagations sur le monde, des récits du monde, un méli-mélo de textes aux accents politiques ou poétiques, voire les deux : ce sont un peu tout cela les scolies que l’on peut entendre humblement bourdonner ici.