Tous ceux-là, autour de vous, ne vont pas bien.
Vous ne pouvez pas leur dire qu’il n’y a pas de quoi : le monde tel qu’il tourne (ou se détourne, devrait-on dire, de l’essentiel ou du bon chemin s’il en est un) est quelque peu désespérant. Difficile d’aller bien dans un monde qui va mal.
Mais, tous ceux-là, autour de vous, fixent leur attention sur un petit problème, un détail personnel, souvent matériel. Ils pensent que tout vient de là. Ils en parlent des heures, y enroulent leur pensée, s’y recroquevillent, s’y perdent.
Alors dîtes leur, à tous ceux-là, autour de vous, dîtes leur de regarder plus haut, plus large.
Parfois le petit problème n’existe pas ou à peine : il est une façon bien naturelle de catalyser un sentiment diffus de mal-être sur un sujet concret. Le vrai problème n’est pas l’étole de soie perdue ou la voiture qui ne démarre pas. Il est ce sentiment d’impuissance face à la dérive d’une société, d’une civilisation.
Quand le petit problème existe, il n’est que l’appendice de maux plus vastes. Des tensions au boulot ? Voyez donc les ravages du new management. Une rhinopharingite chronique ou des maux de ventre tous les soirs ? Intéressez-vous aux causes de la pollution et aux modes de production de ce qu’on mange. Des journées trop chargées ? Analysez les intérêts qu’il y a à vous faire aller si vite. Et ainsi de suite…
Alors, dîtes leur, dîtes leur bien qu’il n’y a qu’un seul remède : se battre, se relever de cette résignation, refuser les journées trop chargées, s’indigner de la destruction à marche forcée de la planète, oublier l’étole de soie perdue… et lutter, lutter avec acharnement, avec enthousiasme, colère et générosité, lutter avec les autres car nous sommes des millions.